L’agriculture Biologique

L’agriculture biologique s’inscrit dans la mise en place de techniques culturales plus en adéquation avec l’environnement que ne l’est le circuit conventionnel.

Cette démarche se veut plus respectueuse et raisonnée que les modèles de production intensive. À l’heure où la filière agroalimentaire tend à proposer toujours plus de produits issus de l’agriculture bio, il devient important de se demander si cette façon de travailler la terre est rentable.

La transition vers ce modèle de culture demande de repenser la manière de travailler, l’outillage, le cycle de culture. Pour autant, ce changement représente-t-il une vraie plus-value, et sous quelles conditions ?

Les coûts inhérents au passage en agriculture biologique

Outre les différences culturales que ces changements engendrent, il existe d’autres facteurs à prendre en considération avant de se lancer en bio. Bien des étapes peuvent représenter un frein.

La transition

Dans un premier temps, il faut savoir que durant la période de transition, à savoir 2 ans, les agriculteurs ne peuvent pas faire valoir la qualité de leur production. Sans même parler d’équipement ou d’investissement, on comprend bien la difficulté que peut représenter cette phase de transition. La première année, le produit de la récolte devra intégrer le circuit conventionnel. Or, il est à noter que les rendements à l’hectare en agriculture biologique sont généralement moins élevés qu’en agriculture intensive. Il est donc évident que le manque à gagner est à prendre en considération avant de se lancer.

Même si au cours de la seconde année la production peut être vendue sous l’appellation « produit en conversion vers l’agriculture biologique », le prix tiré ne permet pas de rivaliser en rentabilité. Ce n’est qu’une fois cette phase passée, que la certification AB peut être délivrée. Dès lors, la totalité de la production pourra intégrer la filière bio et porter la mention « produit issu de l’agriculture biologique ». Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que la valeur ajoutée devient rentable.

La CAB, l’aide à la conversion biologique

Toutefois, pour pallier ce manque à gagner, différents dispositifs d’aides permettent de passer le cap. La CAB permet l’accompagnement financier des exploitations agricoles souhaitant changer de mode de production. Cette aide est calculée à l’hectare, en fonction du type de couvert végétal en place. Versée annuellement et sur une période de 5 ans, elle assure un soutien économique. Qu’il s’agisse d’investissement en matière d’équipement ou plus simplement pour passer le cap difficile de l’attente de la certification, la CAB permet aux agriculteurs de lancer et pérenniser leur activité.

Le crédit d’impôts et l’exonération de la taxe foncière

Les conseils municipaux et les EPCI (Établissements Publics de Coopération Intercommunale) à fiscalité propre peuvent exonérer de la taxe foncière les propriétés exploitées selon le mode de production biologique. Cette exonération profite à l’exploitant du terrain, qu’il en soit le propriétaire ou le locataire.

De même, les agriculteurs réalisant au moins 40 % de leurs recettes avec des activités certifiées en Agriculture Biologique (ou en 2ᵉ année de conversion), peuvent bénéficier du crédit d’impôt bio. Les exploitations individuelles, sociétaires (Earl, Scea, sa) et les GAEC (jusqu’à 3 parts) sont éligibles, quel que soit le régime fiscal choisi (réel ou au forfait).

La disparition de l’aide au maintien devrait être compensée par un élargissement du crédit d’impôts.

Changer de façon de travailler

Aussi bien le règlement européen, que la règlementation française impose aux agriculteurs un cahier des charges relativement strict. Depuis le choix des semences, qui sont tenues d’être issues de l’agriculture bio elles-mêmes et non OGM, en passant par la suppression d’intrants chimiques ou la suppression des produits phytosanitaires, les contraintes que doivent respecter les producteurs Bio sont nombreuses. L’emploi de pesticides est également proscrit, tout comme l’utilisation d’engrais ou de tous produits chimiques.

La rotation des cultures par exemple, viendra s’inscrire dans une stratégie agronomique de préservation. L’enrichissement du sol se fera par l’alternance des différentes cultures. Une légumineuse, apte à fixer l’azote ouvrira le cycle ou viendra en engrais vert, puis suivra par la culture de plantes à enracinement plus profond. Cette façon de repenser son mode de production peut demander du temps à mettre en place.

De même pour le contrôle des adventices. Leur prolifération sera limitée par la diversification des cultures. Le choix du cycle est primordial. La rotation doit être adaptée et doit assurer de rompre le cycle des adventices. Le faux semis et le paillage permettront pareillement de lutter efficacement, tout comme le mulching. Le désherbage se doit d’être mécanique et non chimique.

La protection contre les maladies et les ravageurs devra s’appuyer sur la prévention :

  • La rotation des cultures.
  • Le choix de cultures appropriées aux conditions.
  • L’implantation et l’entretien de ce que l’on appelle des auxiliaires de culture (haies, enherbement, …).

Du point de vue du travail du sol, la herse et les outils de travail en surface seront à privilégier, le but étant de préserver la biodiversité souterraine, sans en perturber la structure. L’aspect biodynamique du sol doit être favorisé et la préservation de l’ensemble de l’écosystème doit primer.

La certification

Le label AB (Agriculture Biologique) est la propriété du ministère de l’Agriculture. L’étiquetage des produits pouvant en bénéficier est soumis à l’acceptation du label.

Pour pouvoir y prétendre, un agriculteur doit s’inscrire auprès d’un organisme certificateur, qui doit émaner d’une structure reconnue par l’état. Chaque année l’exploitation fera l’objet d’un contrôle à l’issue duquel une licence et un certificat lui seront remis. Le contrôle porte sur la conformité de l’ensemble de l’exploitation. Aussi bien la comptabilité que le matériel agricole ou les parcelles pourront être examinés.

Cependant, une exploitation peut faire l’objet d’un contrôle inopiné. De même, les exploitations considérées comme « à risque réduit » pourront n’être contrôlées que tous les 2 ans.

Quoi qu’il en soit, le suivi est au cœur de la démarche. Le respect du cahier des charges est primordial. De plus, ce dernier représente une feuille de bord cohérente quant à la façon de travailler. Le coût de cette certification est à la charge de l’exploitant. Il varie généralement entre 400€ et 900€.

Quid de la rentabilité ?

Il est vrai qu’outre les enjeux environnementaux, il faut se poser la question de la rentabilité.

Bien que la production agricole d’une parcelle cultivée en Bio soit moins abondante, il faut savoir que son prix est supérieur en comparaison du circuit conventionnel. Il est vrai que ces pratiques agricoles demandent la mobilisation de plus de main d’œuvre. Même en incluant cette dernière dans l’équation, l’agriculture biologique rivalise en rentabilité financière avec l’agriculture extensive.

La lutte biologique étant préférée à l’utilisation d’agents chimiques, les coûts à l’hectare s’en trouvent allégés. Les paysans étant plus respectueux de l’environnement, il se trouve que l’impact écologique de leurs cultures sur l’environnement s’en trouve grandement amoindri. En toute logique, ce facteur doit être pris en compte en termes de bénéfices de ce changement.

De plus, qu’il s’agisse de maraîchage, de production animale ou laitière, ou de productions céréalières, des circuits courts émergents de plus en plus. Ils permettent d’obtenir un prix équitable, tant du point de vue du producteur que du consommateur.

Un modèle d’agriculture durable

Le label Bio, au-delà d’être un élément de réassurance, garantit aux consommateurs une certaine éthique et un certain respect de l’environnement. Le bannissement de tout produit chimique assure le respect des ressources naturelles environnantes des cultures.

Les denrées et les produits biologiques représentent aujourd’hui d’importantes parts de marché. Nombreux sont les consommateurs à rechercher le logo Bio. L’industrie agroalimentaire ne s’y trompe pas en proposant toujours plus de ce produit bio. Manger Bio n’est plus une mode, c’est une nécessité pour beaucoup.

Certains craignent la généralisation du bio, ne permettant pas de contrôler précisément les qualités des productions. Ils ont peur que cette appellation n’ait plus le poids qu’elle est censée représenter. D’autres, au contraire, voient d’un bon œil cette évolution. Une agriculture empreinte d’écologie (l’agroécologie) serait peut-être la réponse à la surexploitation de la terre et des sols.

L’agriculture raisonnée ainsi que l’agriculture biodynamique ont également le vent en poupe. Les agriculteurs sont les gardiens de la terre et les producteurs du garde-manger de tous. Aussi, voir les techniques évoluer vers des méthodes plus douces et plus respectueuses pour l’environnement ne peut que nous rassurer. Il faut toutefois considérer la rentabilité de ces méthodes pour s’assurer que ceux qui nourrissent l’humanité arrivent à vivre correctement de leur activité.

Suite aux dernières études en date, bien que la transition vers ce type d’agriculture puisse représenter une difficulté, in fine, les travailleurs du sol arrivent à atteindre un niveau de rentabilité suffisant.